Le soleil venait de se lever en cette belle journée d'hiver. Les oiseaux ne chantaient pas encore car l'heure était trop tôt pour qu'ils fussent déjà dehors. Le quartier général de Pandora était encore plongé dans un silence paisible. Le matin à Pandora, était décidément le moment de la journée le plus calme pour les domestiques. Shiori, quittant son lit d'humeur agréable pour une fois, ne perdit pas de temps à contempler les jardins recouverts d'un épais tapis blanc de sa fenêtre et se prépara tout de suite pour sa nouvelle journée de travail. Douche, préparation, petit passage de ses cheveux chocolats dans sa brosse noire et enfin elle quittait sa chambre, 6h20 du matin, prête pour rejoindre les autres domestiques. Elle se sentait d'excellente humeur aujourd'hui. Il n'y avait pas tellement de raison cependant. Elle avait juste cette agréable impression que rien d'ahurissant n'allait lui arriver aujourd'hui et qu'elle allait peut être enfin pouvoir vivre une journée normale. Car depuis son arrivée à Pandora, elle n'avait pas eu ce qu'on pouvait appeler, des journées: normales. Pour son premier jour ici, elle n'avait pas été accueillie si bien que ça, enfin on allait tout de même pas faire visiter les lieux à une simple domestique. Sauf que visiblement, Pandora n'avait pas été informé du remarquable don d'orientation de la brune, qui avait finit en dix minutes, par se perdre. On ne l'avait retrouvée qu'une heure plus tard, en train de râler toute seule. Pour son second jour dans l'organisation, elle avait eu le malheur de croiser l'un des nombreux félins de la demoiselle Vessalius, cette jeune blonde adorable. Sauf que contrairement à sa maîtresse, le chat qu'elle avait croisé était tout sauf adorable et elle avait finit par se retrouver sur un tapis de Pandora, le nez par terre et un chat blanc dans les cheveux. Et chaque journées suivantes avaient été tout aussi mouvementées. Il y avait tout de même quelque chose de bon dans cette première semaine chaotique à l'organisation: Elle avait découvert la salle des archives de Pandora -bien sûr sans le vouloir- et avait réussit à retenir son emplacement. Il lui suffisait maintenant de se faufiler à l'intérieur en prenant garde d'être seule et le tour était joué! Elle pourrait enfin en apprendre plus sur tous les sujets sur lesquels elle voulait en apprendre d'avantage, à commencer par l'Abyss et ses conséquences lorsqu'un humain pénétrait dedans.

« Bien, aujourd'hui, objectif salle des archives!S'écria t-elle toute seule à travers un couloir. Enfin...je sauterai ma pause déjeuné pour y aller. Termina t-elle moins enjouée.

Pas qu'elle était un ventre sur patte, mais elle n'aimait pas louper un repas. Elle avait la chance de pouvoir manger matin, midi et soir, autant ne pas gaspiller cette chance. Mais pour en apprendre plus sur les sujets qui l'intéressaient, elle allait devoir se résigner à manger. Sa matinée commença et se termina sans encombres. Elle ne s'était perdue qu'une seule fois, n'avait pas croisée de chat et à son grand bonheur, n'avait pas non plus croisé Break Xerxes, un homme dont elle avait entendu parlé, qu'elle avait vue quelques secondes un jour, et qu'elle s'était juré de ne jamais recroiser. Midi sonna à presque toutes les horloges de Pandora et tous les domestiques partirent faire une pause d'une heure, pour déjeuner tranquillement. Beaucoup de membres de Pandora étaient partis dans la matinée, pour mission sans doute. Le bâtiment dans lequel elle vivait à présent n'avait jamais été aussi calme en pleine journée, s'en était presque effrayant. Sans plus attendre, Shiori remonta dans sa chambre à Pandora, retira son tablier blanc pour en changer, prit le petit carnet en cuir marron qu'elle cachait sous ses oreillers et redescendit. Tout ça sans réveiller sa Chain qui dormait paisiblement, lui aussi sous ses oreillers. Depuis son arrivé à Pandora d'ailleurs, jamais Doll n'avait souhaité quitter la chambre de la servante. Il avait juste été égal à lui même, c'est à dire paresseux et silencieux/

Prenant garde de ne pas se faire suivre, Shiori marchait calmement vers la salle des archives de Pandora. Lorsqu'elle arriva à cette dernière, elle avala sa salive. Enfin elle y était. Elle allait enfin en apprendre plus. Elle regarda à gauche, personne. Elle regarda à droite, personne. Elle s'activa alors et pénétra dans l'immense salle d'informations, refermant la porte derrière elle. Elle tendit l'oreille, prêtte à bondir au moindre bruit, puis comprenant qu'elle était seule, elle finit par se décontracter. Et là, elle détailla l'immense pièce, remplit d'étagère de rapport, de pile de papier et de livres. Heureusement pour elle, toute cette connaissance était classée par ordre alphabétique, donc elle n'allait pas avoir besoin de chercher partout. Elle constata avec étonnement, que malgré ce qu'elle avait pensée, la salle en elle même était étrangement bien rangée. Certes un certain bazar régnait au sein même des étagères, mais le sol lui était propre, et il n'y avait pas une seule feuille qui trainait dessus.

- Impressionnant... Mais je me demande quand même qui à rangé cette pièce. Remarqua la brune pour elle même.

Elle ne perdit pas plus de temps à contempler la salle et se dirigea vers la première étagère qui l'intéressait. A, comme "Abyss". Elle parcourra doucement l'allée, mais ne trouva pas grand chose portant le mot "Abyss" dans son titre. Lorsqu'elle crut lire "Alyss" sur la tranche d'un livre, elle se prit les pieds dans quelque chose et finit sa marche, le popotin sur le sol.

- Aïe! Qui à laissé trainer ça ici?! Hurla t-elle coléreuse.

L'objet en question sur lequel elle venait de glisser était un petit calepin, vieux à cause de l'usage sans doute, dont la lanière qui le maintenait fermé semblait en bien pire état que les fesses endolories de la demoiselle. Elle se releva en râlant contre son manque d'attention et prit le petit calepin dans les mains. Il pouvait s'agir de bon nombre de chose, carnet de voyage, cahier secret ou encore un recueil de lettres d'amour, ou bien de notes. En tout cas, elle allait l'ouvrir s'était sûr. Après l'avoir fait tomber, elle pouvait au moins savoir se qu'il contenait non?

Lorsqu'elle avait enfin cessé de râler après sa chute, Shiori avait regardé attentivement le petit calepin sur lequel elle avait glissé. Épais, il semblait avoir servit depuis fort longtemps déjà. La curiosité, vilain défaut dont elle était affublé, la poussait à défaire cette petit ficelle élastique qui le maintenait fermé pour regarder à l'intérieur. Elle réfléchit un instant, pesant le pour et le contre. Le pour était qu'il l'avait fait tomber, alors elle pouvait avoir un petit dédommagement pour son majestueux derrière réduit en miettes non? Le contre était que si on lui faisait ça, à son propre carnet qu'elle gardait toujours à porter de main, elle piquerait tout bonnement une crise. Ne jamais faire aux autres ce qu'on aurait horreur qu'on nous fasse, tel était sa devise. C'est pour cela qu'elle se résigna à regarder à l'intérieur, bien que ce fut atrocement tentant. Soupirant en défronçant les sourcils, elle ne prit pas garde à surveiller ses arrières et de ce fait, n'entendit nullement la porte de la salle s'ouvrir et encore moins les pas qui se dirigeaient vers elle. Ainsi, lorsqu'une voix résonna soudainement derrière elle, lui glaçant le sang de frayeur, elle n'eut d'autre réaction que:

- AHHHHHHH!!

Le cri -ou plutôt hurlement- résonna dans toute la pièce. Faisant volte face à la mystérieuse personne qui certainement maintenant ne devait plus pouvoir entendre quoi que ce soit. Les yeux grand ouvert, le coeur semblant essayer de lui transpercer la poitrine de peur, elle fit un bon de deux mètres au moins, manquant par ailleurs de se vautrer une seconde fois. Là enfin, elle reconnut un homme et non pas un horrible monstre comme elle aurait put l'imaginer. Portant l'uniforme de Pandora, des lunettes rondes sur le milieu du nez, cachant une partie de ses yeux noisettes, dont la couleur se rapportait à sa tignasse châtain. Bien entendu, qu'il soit membre de Pandora dans l'immédiat -donc son supérieur, rappelons-le- l'importa peu et la panique parla pour elle.

- Mais ça va pas?! On ne se faufile pas dans le dos des gens comme ça! C'est ma mort que vous voulez?! Hurla t-elle encore sous le coup de la surprise.

Si cela avait été possible, une fumée rouge serait sortit de son nez tant elle soufflait fort. Lorsque enfin son cœur se calma -ou retrouva un rythme normal dirons-nous - elle se rapprocha d'un pas vers son interlocuteur. Elle avait réagit avec beaucoup d'animosité elle le reconnaissait mais il fallait la comprendre, elle qui fouinait dans la salle des archives et qui justement ne voulait pas se faire prendre était forcément sur le qui vive à n'importe quel bruit -mais pas assez pour s'apercevoir que la porte s'était ouverte-. Avalant sa salive et inspirant plus calmement, elle prit enfin conscience des mots qu'avait prononcé l'homme tout en lui faisant la plus belle peur de sa vie.

- Pardonnez ma réaction. Vous m'avez surprise... S'excusa t-elle en s'inclinant quelques instants.

Ça pour avoir été surprise, elle l'avait été. Elle se remémora la phrase exact qu'il avait prononcé. Il avait parlé d'un calepin..AH! Le fameux calepin agresseur de popotin! Elle jeta tout de suite un regard à ce dernier, serré fortement dans ses mains et reporta son attention sur le châtain. S'était donc son calepin. Hm, le calepin d'un membre de Pandora, qui allait forcément -sauf s'il était soit très sympa soit naïf- lui demander ce qu'elle fichait ici. Perplexe, elle tourna le journal et lit sur la tranche "Liam Lunettes". Relevant la tête, elle constata que son interlocuteur portait des lunettes mais se dit que la plaisanterie n'était pas à faire surtout si s'était vraiment son calepin. Elle ne put cela dit pas empêcher un certain sourire amusé d'apparaître quelques secondes.

- Vous êtes Liam Lunettes c'est bien ça? Questionna t-elle pour être sûre de ne pas le donner à la mauvaise personne.

Il ne restait plus qu'a espérer qu'elle s'en sorte sans aucune question ou alors qu'elle trouve un bon gros mensonge avec le peu de temps qu'il lui restait.

Shiori fut bien soulagée lorsqu'elle entendit le membre de Pandora l'assuré que son comportement "déplacé" était déjà oublié. A vrais dire, elle n'avait vraiment pas besoin que son supérieur la croit complètement impolie et sans manières. Elle n'était déjà pas très gracieuse, naïve et avec son sens de l'orientation médiocre, paraissait idiote donc pas la peine de lui rajouter d'autres tares. C'est donc plut confiante qu'elle fut heureuse de constater que le châtain accepta son invitation à quitter ce lieu pour aller se rassasier. Qui sait, peut-être avait-il même aucune questions délicates à lui poser, questions qu'elle aurait bien dû mal à éluder clairement. Elle nota cela dit une pointe de moquerie contre son don inné d'orientation. Elle ne put d'ailleurs s'empêcher de tirer une certaine tête à la fois boudeuse et honteuse. Oui, elle savait qu'elle était vraiment pas douée pour se retrouver, mais elle n'aimait vraiment pas qu'on s'en moque, elle avait l'impression d'être...encore plus gamine! Enfin elle savait très bien que le membre de Pandora ne devait surement pas penser à mal, voilà pourquoi elle se permit de lui répondre, cela-dit un tentinet boudeuse:

- Vous apprenez-vite: Ne jamais me laisser vous guider dans un lieu nouveau pour moi, vous risqueriez de mourir de déshydratation. Plaisanta t-elle.

Alors, peut être qu'elle trouvait honteux qu'on se moque de son sens de l'orientation, mais elle se coulait toute seule...très logique comme fille (n d a: J'te le fais pas dire...--'). Elle suivit Liam après cette petite taquinerie lancée contre elle-même, le laissant la guider. Au moins avec lui comme guide, elle était sûre d'arriver à bon port avant la tombée de la nuit! Ils tournèrent dans plusieurs couloirs, pour finalement descendre des escaliers. Pas de doute, elle ne saurait pas retrouver le chemin pour la salle des archives de si tôt. Mais il fallait voir le côté positif: Elle évitait un interrogatoire impertinent. Ils arrivèrent finalement au réfectoire principal. Shiori ne put s'empêcher de siffler, face à l'immensité de la pièce. D'ordinaire, elle ne mangeait pas le midi et se cuisinait quelque chose le soir donc découvrir la pièce était tout nouveau pour elle.

- Et bien, y a de la place pour toute la ville ici! Rit-elle, ébahit.

Elle s'avança vers les plateaux, soigneusement empilés les uns sur les autres. Et là, elle vit défiler devant elle une multitude d'aliment, tous plus beaux les uns que les autres. Même les fruits donnaient l'impression d'avoir été lavés à la Javel! Elle se voyait presque dedans. Elle se dit alors qu'une salade de fruit par ce temps chaut serait très agréable. Elle zappa l'étape entrée, puis celle du plat et passa directement au fruit. Son regard s'illumina alors. Il y en avait tellement! Elle était comme une enfant lâchée au milieu de bonbons. Elle prit une coupe de fraise, une banane et deux kiwis. Avec ça, elle allait se faire une salade de fruit délicieuse, elle s'en léchait les babines d'avance.


- Finalement ça à peut être du bon de manger le midi! Fit-elle, pleine d'admiration face à ses fruits.

La situation était presque comique tant elle semblait être béate d'amour devant quelques fruits. Mais elle aimait tellement ça. Elle se dit alors qu'elle cuisinerait bien une tarte aux fraises, seul gâteau qu'elle appréciait manger. Oui, le soir même, elle se ferait une tarte aux fraises et la ramènerait à ses "collègues" domestiques le lendemain! Elle tourna la tête vers son supérieur qu'elle avait lâchement abandonné en voyant ces fruits et le rejoignit une fois son choix prit. Presque comme un petit chien courant après une baballe pour ensuite revenir vers son maître, quoique la métaphore est un peu grande.

- Et bien, à coup sûr je retiendrais le chemin la prochaine fois. S'amusa t-elle malicieusement.

Elle lui adressa un sourire malicieux avant de se retourner pour admirer encore une fois le réfectoire lumineux. Là alors, une question stupide germa dans le creux de sa tête: Son supérieur aimait-il les fruits aussi? (n d a: Mais qu'elle question intéressante... xD)

Ô joie de pouvoir manger. La jeune domestique regardait son plateau, presque en bavant. Voilà une image qui devait être des plus agréable à regarder tiens... Elle échangea quelques regards avec son supérieur, qui l'invita à s'installer à sa table. Elle ne se fit pas prier, avec ses yeux qui pouvaient presque tuer ses fraises. Elle bondit sur une chaise, en oublia quelques mètres plus loin ses manières et contempla son repas. Ciel qu'elle mourrait d'envie de croquer dans sa pomme. Elle se serait volontiers jeter dessus comme la misère sur le monde si son vis à vis ne lui avait pas posé une question. Depuis combien de temps travaillait-elle à Pandora? Oula... Pour elle ça faisait bien une éternité, comme elle passait le plus clair de son temps à se perdre mais cela devait faire quoi... Deux mois à peine?

- Pour tout vous dire, je ne sais pas exactement. Je crois que cela fait deux mois, peut être un peu moins en fait...

Elle pencha la tête, l'air de vraiment réfléchir, puis se concentra sur ses fraises. Elle en prit une du bout des doigts, l'apporta à sa bouche, croqua et... faillit fondre en larmes comme une enfant. C'était possible d'être aussi stupide en mangeant une simple fraise? Elle aurait put se prendre une pêche dans le nez qu'elle serait toujours dans cet état de légume amoureux. Grignotant du bout des dents son repas, elle décida d'alimenter un peu la conversation à son tour.

- Et vous? Et d'ailleurs, qu'est-ce qu'il y a dans votre carnet?

Les questions voulaient sortir, mais pour l'instant elle allait s'arrêter là. Shiori planta son regard dans celui de son compagnon de déjeuner. La question qu'elle avait posée était indiscrète, mais mieux valait-il pour lui de comprendre les règles du jeux. S'il se mettait à lui poser trop de questions, elle en poserait aussi. Et quoi de mieux pour commencer un interrogatoire que de demander le contenue d'un registre dont le propriétaire semblait tant préoccupé? De plus, il fallait plutôt l'emmener sur un autre chemin qu'elle... Et pourquoi pas la raison de sa présence dans la salle des archives plus tôt.

- D'ailleurs, vous savez qu'on dit qu'on en découvre beaucoup sur un individu en analysant son écriture? Enfin je vous rassure, je n'ai pas lu le contenue de votre petit carnet...

Semer le doute, voilà qui était doué! Bravo ma fille, tu t'embarques dans des ennuies là. Il valait mieux apprendre à réfléchir avant de lancer des petites piques à son supérieur. A croire que lorsqu'elle avait l'estomac remplit, la brune devenait stupide... L'air de rien, quoique un peu nerveuse, elle reprit une fraise dans sa bouche, mâchant, avalant doucement, le tout un air faussement rassuré sur le visage. Pourquoi fallait-elle qu'elle parle trop, comme toujours?

Une conversation des plus intéressante pointait son nez sur le repas des deux employés de Pandora. Pour un peu, Shiori se serait mise à remercier l'homme avec qui elle partageait son repas pour enfin la faire profiter d'un vrais midi animé par une discussion subtile où les deux personnes enchainaient les tactiques pour éluder les questions de l'autre. C'était de la gymnastique grammaticale, une lutte masquée de deux esprits soumit au silence. L'un par les ordres de son maître et ses obligations en tant que haut gradé de Pandora, l'autre par sa conscience purement égoïste et sa mission dans ce monde. Intéressant tout ça, bon, revenons-en à nos deux coincés du ciboulo et à leurs fraises. Ils parlaient donc de la graphologie, après cette merveilleuse gaffe qu'avait sortit la brune sur le carnet de son supérieur. Si un détecteur à âneries existait, il sonnerait une alerte bourde à chaque pensées de la jeune domestique.

- Oui, graphologie! C'est le terme que je cherchais, s'exclama la brune pleine d'enthousiasme, Je dois tout de même dire que bien que cette science soit intéressante, elle me terrifie quelque peu... Je trouve effrayait de savoir qu'une personne à la simple vue de votre écriture peut capter une partie de votre personnalité.

Les confidences prononcées par la demoiselle étaient sans appel. Pas une once de doute, pas une seule seconde d'hésitation. Le débat la passionnait, enfin si on pouvait appeler ça un débat. Mais bon, depuis son arrivé, disons qu'elle n'avait jamais autant parlé en une seule fois. D'ordinaire elle n'arrivait même pas à trouver le réfectoire, tant son sens de l'orientation était merveilleusement affûté. Elle en oubliait même de se “méfier” de son supérieur - chose totalement paradoxale quand on voyait l'air si aimable dudit supérieur-. Il portait sur elle un regard calme et posé, un regard plus amusé de sa manie de se mettre toute seule dans l’embarras que gêné de manger avec une simple domestique.

Elle crût voir d'ailleurs, un court instant mais vraiment très très court, un petit sourire malicieux se dessiner sur le visage un peu pâlot du châtain, qui se reprit immédiatement, sans doute pour ne pas paraître impolie. Cela n'aurait pas déranger la jeune femme, qu'il se montre impolie car revoir un petit sourire comme celui qu'elle avait entre-aperçu ne l'aurait pas gêné une seule seconde. Pensez-vous, profiter d'un repas délicieusement savoureux en compagnie d'un jeune homme aux manières et aux discussions charmantes et intéressante avec un joli sourire, vous ne cracheriez pas dessus non plus hein? Bas les pattes mes amis, pour l'instant, c'est mademoiselle qui profite du repas. Et de la conversation.

- Pour en revenir à ce principe de graphologie, reprit-elle calmement après avoir avalé une nouvelle fraise, Je me souviens une fois avoir lu que si l'on trouvait une écriture italique dont la pointe des “q” et “g” étaient terminés par une petite boucle, cela marquait un sentiment d'assurance et de sournoiserie.

Shiori aurait volontiers terminé sa phrase en soulignant le fait qu'elle soupçonnait Break Xerxes d'avoir typiquement cette écriture mais qui sait si l'homme en face d'elle n'était pas l'une de ses connaissances, peut être pire... Le pipelet de Pandora! Enfin Comparé à Break, avec son sourire sournois et son oeil malicieux, le sourire calme de Liam lui ôta bien vite de la tête l'idée farfelue qu'il pourrait être un perroquet. Elle osa donc placer une petite plaisanterie contre le clown de Pandora, qui de toute manière n'était pas là pour l'énerver ce midi, grâce au ciel.

- De vous à moi... je suis certaine que quelques personnes de Pandora ont ce type d'écriture, ça se voit à leur sourire. Plaça t-elle malicieusement, sans trop sous-entendre ce qu'elle pensait très fort.

Elle réussit à se retenir de terminer sa petite minute info en annonçant au châtain en face d'elle que vu son sourire charmant mais discret, elle le soupçonnait d'être un vraie bourreau de travail mais au cœur sur la main. Finalement, la graphologie pouvait devenir un sujet passionnant pour un repas entre "collègues". Oui enfin... ça, c'était sans compter le remue-ménage qui semblait s'organiser devant le réfectoire.

Elle tourna la tête vers la porte d'entrée, tentant de comprendre ce qui pouvait avoir fait monter le taux de décibel dans la pièce puis se reconcentra sur son vis à vis. Inutile de se lever par simple curiosité si les ennuis semblaient se pointer à grand coup de chuchotement pas discrets pour un sous.